La droite risque le big bang après l’élection présidentielle

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Articles  : Avr. 2022Mar. 2022Fev. 2022 – Jan. 2022 – Facebook : https://www.facebook.com/ORTF-News-107572991571884

Les trois grands candidats de la droite jettent leurs dernières forces dans la bataille. Marine Le Pen, Éric Zemmour et Valérie Pécresse entament les derniers jours de cette course de fond. Valérie Pécresse a rassemblé, dimanche, 5.000 militants à la porte de Versailles, soutenue par de nombreux leaders de la droite. Éric Zemmour était, samedi, dans les Bouches-du-Rhône, sur les terres du RN et de LR : il maintient jusqu’au bout sa stratégie entre ces deux pôles. Marine Le Pen était, vendredi matin, sur le marché d’Haguenau, en Alsace, sur des terres favorables au vote RN. Un voyage confortable : Marine Le Pen joue en défense, car l’écart avec ses poursuivants de droite est maintenant trop important pour espérer changer radicalement la donne.

Pour les trois candidats, il y a désormais quelque chose d’un peu artificiel et factice : ce sont les dernières minutes du match. Ils savent tous les trois qu’on ne retourne pas une situation en une semaine, sauf événement exceptionnel. Le constat s’impose donc : le paysage électoral de la droite a changé au cours de la campagne. Certes, le total des intentions de vote à droite est resté stable. Début février, voilà deux mois, les trois mêmes candidats, Marine Le Pen, Éric Zemmour et Valérie Pécresse, cumulaient ensemble 45 % des voix, selon Ipsos Sopra Steria. Aujourd’hui, à moins d’une semaine des présidentielles, le cumul des intentions de vote de ces trois candidats a baissé, on est à 41,5 %, il manque 3,5 points.

Mais là où le paysage a vraiment éclaté, c’est à l’intérieur de la droite. On a assisté, durant la campagne, à une course de relais. Valérie Pécresse a tenu le leadership de la famille au sortir des primaires LR. Zemmour a frôlé ce leadership après un début de campagne éclair. Mais aujourd’hui, au moment le plus important, quand les votes se cristallisent, Marine Le Pen est installée au-dessus de la barre des 20 % avec autant d’intentions de vote que les deux autres candidats de droite réunis. C’est un incontestable succès pour sa stratégie du « bloc populaire » contre le « bloc élitaire » d’Emmanuel Macron. Résultat : la droite risque le big bang après l’élection présidentielle. Chez Éric Zemmour, il y a déjà des amertumes, notamment chez ceux qui ont quitté le RN en espérant l’emporter dans un parti neuf en pleine dynamique et qui promettait de renverser la table. Il y aura des lendemains qui déchantent. Mais le parti de Zemmour et ses cadres auront un avenir électoral, notamment aux législatives, s’ils nouent des alliances avec le RN. Au sein des LR, ce n’est plus une explosion, c’est la désintégration qui menace. Beaucoup de tendances, de chapelles et d’ambitions s’entrechoquent pour un potentiel électoral réduit. Trouver un espace pour LR est une gageure de plus en plus difficile. On peut prévoir des explications, des ralliements à Macron – Éric Woerth a ouvert la voie – et sans doute aussi des ralliements à Marine Le Pen.

Pour la candidate du RN, le ciel se dégage, c’est la seule gagnante à droite. Elle est assurée d’être au second tour, sauf surprise de taille, car l’écart avec Mélenchon est important. Et au second tour, l’écart avec Macron se resserre à 53 % contre 47 %, dans le sondage CNews de ce 4 avril. C’est 13 points de plus que ses scores d’il y a cinq ans (66,1 % pour Macron au second tour de 2017, contre 33,9 % pour Marine Le Pen). Sur le papier et à ce stade, l’écart de six points entre les deux candidats au second tour reste important. Mais quelque chose a changé : l’accès au pouvoir paraît improbable mais pas impossible. Marine Le Pen y croit. Pour combler ces quelques points, elle pêche à gauche de l’échiquier politique.

Sa réaction sur Twitter après le meeting d’Emmanuel Macron, ce week-end, était à cet égard parlant : « Macron a financé l’ISF en taxant l’électricité, le carburant, le gaz et le fioul. » L’impôt sur la grande fortune (ISF), c’est le totem du mal pour la gauche. En une phrase, elle fait le lien entre le pouvoir d’achat et l’ISF. Une stratégie de deuxième tour. Car, une fois passé le premier tour, c’est bien à l’extrême gauche, chez un Jean-Luc Mélenchon qui plafonne assez haut (14 %), que se situera la réserve de voix. En attendant, le résultat de la présidentielle risque de casser un peu de vaisselle chez Zemmour et Pécresse entre les deux tours et surtout après le deuxième tour, quand on comptera les points. La question, c’est donc de savoir si Marine Le Pen saura recoller cette droite en morceaux à son avantage et autour d’elle… Et cela, c’est loin d’être acquis.

Marc Baudriller, Boulevard Voltaire

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