Lutte contre le séparatisme : le double jeu de Macron

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Articles  :  Fev. 2022 – Jan. 2022 –   Dec. 2021 –   Facebook : https://www.facebook.com/ORTF-News-107572991571884

C’est un beau roman, c’est une belle histoire. Les communicants se sont affairés, ces derniers temps, pour en optimiser les éléments de langage. Car rien n’y fait, malgré bien des efforts pour y échapper, la sécurité et l’identité feront partie des principaux thèmes de la campagne présidentielle.

Alors, Marlène Schiappa s’est chargée, le 6 février dernier, sur le plateau de CNews, de nous en résumer l’intrigue et de nous dévoiler son héros : « Jamais un Président ne s’était attaqué à l’islamisme comme l’a fait Emmanuel Macron. » Du danger, des vrais méchants, un sauveur. Vous n’avez pas fini de l’entendre.

Pour ceux d’entre vous qui seraient cependant du genre (Gaulois) réfractaires aux jolis contes du marchand de sable, je vous propose une autre version.

Nous sommes en octobre 2016, Macron n’est pas encore candidat. Dans Marianne, il dénonce les dangers d’une « laïcité revencharde ». Il fait référence à la polémique de l’été précédent au sujet du burkini qui avait conduit Manuel Valls à inviter les musulmans à la « discrétion » dans l’espace public. Au mois de juillet venaient, en effet, d’avoir lieu l’attentat islamiste de Nice et l’assassinat du père Hamel. Valls mesurait le danger.

Macron, à l’inverse, y voit l’occasion de se démarquer : « Je dénonce les considérations qui demandent à des citoyens d’être “discrets”. »  Il indique alors être « contre l’interdiction du voile à l’université ». Parce que, au nom de cette « laïcité revencharde », on en viendrait « à sortir des citoyens des lieux de la République et à les confiner à l’écart ». Tout s’inverse, ici. C’est la République qui, finalement, pratique le séparatisme. Il le dira plus clairement, quelques semaines après, dans Challenges : « La laïcité revancharde construit du communautarisme. »

Macron prend également l’exemple de l’école. Bien sûr, la religion « ne doit pas être présente à l’école » mais, « quand certains réclament des menus dans les écoles sans aucun accommodement et veulent que tous les enfants mangent du porc, ils pratiquent une laïcité revancharde dangereuse ».

Les « accommodements » : le terme est lâché mais il ne sera pas relevé. Macron brouille les pistes, comme d’habitude, mais cette référence au modèle multiculturel canadien reviendra tout au long du quinquennat.

L’idée est la suivante. Si vous voulez éviter la radicalisation, acceptez de faire des « accommodements raisonnables » : sur le voile à l’université, sur le porc à la cantine ou, autre exemple plus récent, sur le voile lors des manifestations sportives.

Élisabeth Moreno a récemment tenu ce discours à propos des hijabeuses : « Si elles veulent jouer au foot en étant voilées, en quoi c’est impossible ? […] Très souvent, les filles ont l’impossibilité de sortir de chez elles pour faire des choses, la fameuse assignation à résidence. »

Bien sûr, elle a été rabrouée, mais pour « erreur de com’ », pas sur le fond car l’amendement a bien été rejeté. Les réseaux islamistes qui sont derrière les « hijabeuses » ont ainsi gagné.

Revenons alors à la belle histoire. Celle qui voudrait que la loi contre le séparatisme constitue, de la part de Macron, « un tournant ».

En septembre 2020, alors que la loi est en préparation, les journalistes notent un « virage lexical ». Plus question, pour Macron, de parler de « communautarisme ». Le problème, c’est désormais le « séparatisme ».

C’est, en réalité, quelques mois avant, en février 2020, à Mulhouse, que Macron, lors d’un discours, avait amorcé son glissement sémantique : « Je ne suis pas à l’aise avec le mot de “communautarisme”. Je vais vous dire pourquoi. Parce que nous pouvons avoir dans la République française des communautés. »

Derrière le double langage et les manipulations, il y a une cohérence : dénoncer le modèle français de laïcité et d’assimilation.

Ce qui a alors réellement contraint Macron à se confronter à l’islamisme  ? « Le travail de la police, les remontées des ministres de l’Intérieur, les tentatives d’attentats : tout ça s’est imposé au président de la République », analyse Manuel Valls, dans un article de Marianne du 18 février dernier.

Et, le plus important, il répète ce qu’il analysait dès 2016 chez Macron : « Une forme de culture américaine, anglo-saxonne, de libéralisme qui ne correspond pas à nos traditions. »

La séquence des hijabeuses en est l’illustration qui devrait servir d’avertissement quant à la duplicité de Macron en la matière.

Frédéric Lassez, BV

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