Notre-Dame : l’homélie de Mgr Aupetit surpasse le discours insolent de Macron

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Source Boulevard Voltaire

L’allocution prononcée, mardi, par Emmanuel Macron, pompeusement nommée « Adresse du Président de la République à la Nation », souffre de la comparaison avec l’homélie de Mgr Michel Aupetit, à Saint-Sulpice, lors de la messe chrismale de mercredi. D’un côté, un homme qui se prend pour un dieu et veut reconstruire Notre-Dame dans les cinq ans à venir, avant même qu’un bilan de l’état de la cathédrale n’ait pu être fait. De l’autre, un prélat qui reconnaît humblement la supériorité du spirituel sur le temporel et rappelle, en ces temps troublés, quelques principes de l’Église.

On peut juger présomptueux de s’engager à reconstruire Notre-Dame dans un délai que beaucoup de spécialistes estiment trop court, en des termes qui laissent entendre que tout dépend de sa volonté. C’est ainsi que notre Président affirme : « Nous rebâtirons la cathédrale Notre-Dame plus belle encore, et je veux que cela soit achevé d’ici cinq années, nous le pouvons. » Au moins n’a-t-il pas justifié ce délai, comme Anne Hidalgo, par la nécessité que « la cathédrale puisse accueillir le monde », en 2024, à l’occasion des Jeux olympiques. Notre-Dame n’est pas seulement un monument, qu’on visite comme la tour Eiffel.

La conclusion de son discours nous dévoile sa pensée de derrière : « Je crois très profondément qu’il nous revient de changer cette catastrophe en occasion de devenir tous ensemble, en ayant profondément réfléchi à ce que nous avons été et à ce que nous avons à être, devenir meilleurs que nous ne le sommes. » Et d’en rajouter : « Il nous revient de retrouver le fil de notre projet national, celui qui nous a faits, qui nous unit, un projet humain, passionnément français. » Voilà qu’il se prend pour l’homme providentiel autour duquel il faut se rassembler pour reconstruire la France. Après quelques signes d’émotion, le retour en fanfare des considérations politiciennes.

Notre Président fait preuve d’un orgueil qui rappelle l’épisode de la tour de Babel dans la Bible. On sait comment il se termine. En comparaison, l’homélie de Mgr Aupetit a une autre allure. Dès le début, il prononce cette phrase pleine de sens, que peu d’observateurs ont relevée : « Quelle est la différence entre un tas de pierres et une cathédrale ? C’est la même différence qu’entre un amas de cellules et une personne humaine. » La suite éclaire son propos : « Un tas de pierres et un amas de cellules ne sont qu’un amoncellement informe. Dans une cathédrale ou une personne humaine, il y a un principe d’organisation, un principe d’unité, une intelligence créatrice. »

L’archevêque de Paris reste dans sa mission quand il souligne la suprématie de l’esprit, le principe du respect de la vie, de la conception à la mort. Non pas qu’il faille ignorer les situations de détresse ni les souffrances, parfois cruelles, de l’agonie ; mais il faut réfléchir aux solutions humaines compatibles avec ce principe. « Il nous faut aussi relever l’Église », précise-t-il, et s’adressant à tous les catholiques : « Ensemble, frères et sœurs, avec le don de l’Esprit saint qui nous vient du Père par le Fils, nous rebâtirons notre Église. » Alors qu’à Pâques, tous vont fêter la résurrection du Christ, alors que les pays européens se coupent de leurs racines chrétiennes, cette note d’espérance est une note de réconfort.

On peut ne pas partager cette foi ni ces principes, mais convenons que ce discours a plus de cohérence et de force qu’une « adresse », aussi solennelle soit-elle, dénaturée par des arrière-pensées. Le 10 février 1638, Louis XIII consacra la France à la Sainte Vierge. Superstition ! diront les modernes de notre époque. Pourtant, cette humilité d’un roi ne vaut-elle pas mille fois mieux que l’orgueil d’un Président ?

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