La hausse du prix des carburants va coûter très cher à Macron

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Publié le 30 octobre 2018 – par Alain Marsauguy (Riposte Laïque)

Les Français sont d’autant plus en colère que l’augmentation ininterrompue des taxes ne servira pas à la transition énergétique mais viendra remplir les caisses de l’État.

Cette fois la coupe est pleine. Les automobilistes n’en peuvent plus. Le prix des carburants ne cesse de grimper. Le plein coûte de plus en plus cher à la pompe. Une hausse de 23 % depuis le début de l’année. Si celle-ci est due en partie à l’augmentation du prix du baril de pétrole, la décision du gouvernement d’augmenter les taxes sur les produits pétroliers (TICPE) est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de la colère des usagers de la route.
Ceux-ci ont en effet la désagréable impression d’être depuis quelques mois la cible des pouvoirs publics. La limitation de la vitesse à 80 km/h appliquée depuis le 1er juillet sur l’ensemble des routes départementales avait soulevé une vague de protestations dans toute la France par son côté dictatorial. Elle devait, nous a-t-on dit, réduire le nombre d’accidents de la circulation. Or, après quelques mois, les statistiques ne montrent pas une diminution de la mortalité sur les routes. Par contre, la machine à cash que sont les radars n’a jamais autant fonctionné.

Trompeur également l’argument selon lequel les moteurs diesel seraient les grands responsables de la pollution atmosphérique. De très importants progrès ont été réalisés au fil du temps et de la réglementation par les constructeurs dans ce domaine. Avec l’entrée en vigueur des normes Euro 5 et les filtres à particules, les émissions dues aux échappements sont passées de 50 à quelques milligrammes. À l’inverse, l’introduction de l’injection directe pour les moteurs à essence a eu pour conséquence d’augmenter considérablement l’émission de particules. La norme Euro 6b de 2015 a imposé de nouvelles limitations identiques pour les moteurs qu’ils soient diesel ou à essence.

Les moteurs ne sont pas seuls en cause. Une part très importante des émissions de particules fines (41 % selon une étude de l’observatoire de la qualité de l’air de Paris en 2015) provient de l’abrasion des pneus, du freinage et de la route. Une pollution qui est la même que le véhicule soit équipé d’un moteur diesel ou à essence, qu’il soit hybride ou électrique.

Certes, la campagne menée au nom de l’écologie contre les véhicules diesel n’est pas récente. Déjà, à la fin des années 90, Dominique Voynet, la ministre Verte en charge de l’aménagement du territoire et de l’environnement sous Chirac, avait tenté de taxer à la pompe les véhicules diesel par une augmentation progressive de sa fiscalité sur plusieurs années. Elle avait dû renoncer à son « plan de rattrapage de la fiscalité du gazole » devant l’opposition des routiers. Quelques années plus tard, Raffarin annonçait une augmentation de 2,5 centimes par litre de la taxe sur le gazole. Les 800 millions d’euros de recettes générés devaient être consacrés « au financement de nouvelles infrastructures ferroviaires ».

Campagne acharnée contre le diesel

Aujourd’hui, sous le fallacieux prétexte de l’environnement, les pouvoirs publics mènent une campagne acharnée contre le diesel au profit des véhicules électriques encensés comme étant la solution d’avenir pour diminuer la pollution par les gaz d’échappement. On voudrait nous faire croire que les pouvoirs publics agissent dans l’intérêt général. On nous rebat les oreilles avec la transition énergétique. Mensonges que tout cela ! Le rapport spécial du Sénat sur la transition énergétique au PLF 2018 est très clair : « Sur les 3,9 milliards d’euros de recettes supplémentaires en 2018, seuls 184 millions de TICPE seront alloués au compte d’affectation spécial « transition énergétique » pour financer les engagements passés au titre du développement des énergies renouvelables ». Le produit de ces taxes ne servira donc pas à l’entretien du réseau routier – qui en aurait bien besoin – comme cela était initialement sa raison d’être, mais viendra abonder le budget de l’État. La TICPE représente en effet la 4e plus importante recette fiscale. Une manne pour Bercy !

Et comme si cela ne suffisait pas à alimenter la colère des automobilistes, voilà qu’on nous parle d’instaurer des péages urbains à l’entrée des grandes agglomérations dès l’année prochaine. Limiter la circulation automobile, « lutter contre la pollution et les nuisances environnementales », les « bonnes » raisons ne manquent pas. L’État laissera le soin à la collectivité de déterminer le périmètre. Et c’est l’autorité organisatrice de la mobilité (AOM) c’est-à-dire la ville ou la communauté de communes qui récupérera les bénéfices de cette nouvelle taxe désignée officiellement sous le nom de « tarif de congestion ». Un piège diabolique tendu aux édiles qui devant la diminution constante des dotations de l’État seraient tentés par la perspective de nouvelles recettes, mais qui doivent aussi tenir compte du ras-le-bol fiscal des automobilistes-citoyens à l’approche des élections municipales de 2020.

Il n’y a donc pas lieu de s’étonner du succès de la pétition lancée il y a quelques jours par une habitante de Seine-et-Marne qui a dépassé le demi-million de signatures. La hausse du prix du carburant cristallise à elle seule tous les mécontentements du pays. Des appels au blocage des routes et à la mobilisation se multiplient, sur Facebook notamment. La grogne des automobilistes, mais aussi de tous les professionnels de la route taxis, VTC, livreurs et chauffeurs routiers prend de l’ampleur. Toutes les régions sont concernées. Le 17 novembre, pour la journée nationale de protestation le pays tout entier sera bloqué. Apolitique au départ, le mouvement est soutenu par le Rassemblement national de Marine Le Pen et Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan. Nul ne peut dire sur quoi la colère des automobilistes peut déboucher. Le gouvernement qui se veut « droit dans ses bottes » semble avoir sous-estimé le symbole fort que représente la voiture pour chaque Français. Il risque d’avoir à le regretter. La forte hausse du prix du pain entre 1787 et 1789 avait entraîné des émeutes dans les campagnes françaises. Une crise alimentaire qui a débouché… sur la Révolution.




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