Un bébé pour des papiers : ces migrants prêts à tout pour rester

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Articles     : Mai 2023Avr. 2023  –  Mar. 2023Fev. 2023 -Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100069673161887 Twitter : https://twitter.com/OrtfNews

« J’ai été victime de l’escroquerie la plus honteuse du monde. » Il y a cinq ans, Claire* tombe enceinte d’un Marocain en situation irrégulière. Sans le savoir, son enfant doit servir de visa au père, désireux de rester en France. Le cas de Claire est loin d’être isolé. Les “bébés-papiers” – ces bébés conçus pour faciliter l’obtention d’un titre de séjour aux dépens du parent français et de l’enfant – restent un phénomène méconnu en France, et pourtant bien réel.

Les bébés-visas

Claire menait une vie sans encombre. Mais au cours de l’année 2018, son quotidien bascule. « J’ai appris que ma grand-mère adorée était en phase terminale de son cancer. Quelques jours plus tard, j’ai perdu mon emploi », confie-t-elle à BV. Au même moment, la jeune femme découvre qu’elle est enceinte. Vulnérable et déjà mère de trois enfants, elle pense à avorter. Mais le père, un jeune Marocain entré illégalement en France, lui demande de garder l’enfant. « Avec sa famille, ils sont venus me voir et ont tout fait pour que je garde l’enfant, alors j’ai cédé », raconte-t-elle. Les semaines et les mois passent quand, soudain, le père décide d’entamer une reconnaissance de filiation anticipée. « Il me disait que c’était pour nous protéger. Bêtement j’ai accepté », nous explique la mère de famille. Du jour au lendemain, une fois la reconnaissance actée, le jeune homme disparaît. Claire se retrouve seule à mener à terme une grossesse compliquée. « Il appelait parfois pour savoir si j’avais accouché, mais c’est tout. » Quelques heures après la naissance, le père refait surface. « Il n’a même pas regardé notre petite fille, se souvient la jeune femme. Il voulait juste les papiers de la déclaration de naissance pour son titre de séjour. Mais j’ai refusé. » Claire se voit alors traînée devant le juge aux affaires familiales. « J’ai tout fait pour prouver au juge que son seul intérêt, ce n’était pas notre fille mais sa régularisation », affirme-t-elle.

Habile, son ancien compagnon finit par lui verser une maigre pension alimentaire, effectue quelques achats sommaires pour leur fille et organise des visites dans des lieux publics. Un moyen de prouver au juge qu’il s’occupe de leur enfant, comme l’exige la législation française. En effet, le titre de séjour « Vie privée et familiale » est l’un des rares titre à ne pas exiger une entrée régulière en France. Pour obtenir cette carte de séjour temporaire, il suffit au parent étranger de prouver qu’il s’occupe de l’enfant depuis sa naissance ou, à défaut, depuis au moins deux ans (achats, visites, activités, etc.). Trois ans plus tard, il pourra alors bénéficier d’un titre de dix ans renouvelable. C’est ainsi que ce Marocain, visé par une OQTF selon Claire, a finalement pu être régularisé.

Ce parcours, Julie* le connaît bien. En 2019, elle rencontre un homme d’origine sénégalaise. « Je savais qu’il n’avait pas de papiers, ça ne me dérangeait pas », commence-t-elle. Mais après une soirée arrosée, Julie découvre qu’elle est enceinte. « Je voulais qu’il soit présent pour cet enfant, j’avais confiance en lui. » Rapidement, la jeune femme déchante. Pendant toute la grossesse, le père la harcèle pour ses papiers. Après la naissance, elle espère offrir un cadre de vie stable à son enfant. Mais lui s’intéresse peu au petit garçon. « Il a très peu donné signe de vie. La seule chose qui l’intéresse, c’est d’obtenir ses papiers », s’agace Julie, assignée en justice par son ancien compagnon pour attester la filiation. Elle décide alors de chercher de l’aide auprès de différentes associations de droits des femmes. Partout, elle trouve porte close. « Au départ, je suis pour le droit et l’accueil des étrangers. Mais ce n’est pas normal qu’il ait plus de droit que moi dans mon propre pays », s’agace-t-elle. Une colère partagée par Claire, qui a également « l’impression de crier dans le désert ».

Une filière d’immigration

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Avec leur témoignage, Claire et Julie espèrent lever le voile sur un sujet encore tabou. « On a honte d’avoir été aussi naïves, on a honte de s’être fait manipuler », expliquent-elles. Une culpabilité éprouvée également par Émilie*, mère belge d’un bébé-visa. « Quand je me suis mise en couple avec lui [un Tunisien arrivé illégalement en Belgique], je craignais les histoires de mariages gris. Naïvement, je me suis fait avoir avec un bébé-papier. » Toutes les trois espèrent alerter sur ce sujet aux conséquences dramatiques. Julie sort éprouvée de ces dernières années. Suivie par une psychologue, elle prend depuis peu un léger traitement pour tenir le coup. Claire, de son côté, s’inquiète pour sa fille qui développe des troubles du comportement. À cela s’ajoute les difficultés financières que connaissent de nombreuses mères célibataires.

Pour Valérie Boyer, sénatrice Les Républicains (LR), qui alerte sur les anarques aux sentiments depuis plusieurs années, ce phénomène des bébés-papiers est « une honte »« Au nom de quoi ces hommes seraient-ils régularisés alors qu’ils ont triché ? », s’interroge l’élue des Bouches-du-Rhône. Selon elle, les mariages blancs et les bébés-papiers sont autant de « filières d’immigration, responsables de la submersion migratoire » dont est aujourd’hui victime la France. Après avoir déposé, en 2018, une proposition de loi pour interdire aux clandestins de se marier, Valérie Boyer appelle aujourd’hui à « un référendum d’urgence sur l’immigration ». Et de conclure : « Malgré la vingtaine de lois adoptées sur l’immigration, les Français n’ont jamais été consultés. Il serait temps de leur demander leur avis. »

Clémence de Longraye, Boulevard Voltaire

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