Premiers missiles Patriot en Ukraine : un pas de plus vers la guerre mondiale ?

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Mercredi dernier, le ministre de la Défense ukrainien annonçait par un tweet : « Aujourd’hui, notre beau ciel ukrainien devient plus sûr, car les systèmes de défense antiaérienne Patriot sont arrivés en Ukraine. » Il remerciait ensuite, dans l’ordre, les États-Unis, l’Allemagne et les Pays-Bas d’avoir « tenu parole ». Il est vrai que le processus d’acquisition de ce système d’armes déjà ancien[1] mais éprouvé fut particulièrement long. Les premières demandes ukrainiennes concernant ce « système défensif » remontent en effet à la fin de l’année dernière, au moment où les frappes russes, notamment sur Kiev, étaient particulièrement violentes. Malgré les missiles de très courte et de courte portée déjà fournis par les Alliés, notamment les Crotale français ou les Guepard allemands, les besoins ukrainiens devaient s’étendre à d’autres missiles non seulement plus performants, mais qui puissent traiter les missiles russes à plus longue distance. Seuls les missiles Patriot semblaient capables, comme les S-400 russes, d’intercepter un missile adverse à plusieurs centaines de kilomètres et en traiter simultanément une centaine grâce à des radars d’acquisition très performants directement couplés avec les lanceurs.

En cas de menace d’attaque nucléaire tactique russe, lesdits Patriot seraient parmi les seuls missiles occidentaux capables de la neutraliser, à moyenne et haute altitude. L’Ukraine commence donc à se doter d’un bouclier antimissile, ce dont beaucoup de pays européens ne sont pas encore dotés, et, de plus, coordonné par l’OTAN. Les Américains en ont fourni la conception, mais d’autres pays comme l’Allemagne peuvent les fabriquer, au moins en partie, sous licence. Israël s’est doté d’un bouclier antimissile très efficace[2], mais il est vrai que son espace aérien est plus réduit que celui de l’Ukraine, voire de l’Allemagne ou, a fortiori, des pays scandinaves.

En fonction du nombre d’unités de missiles Patriot livrées par les alliés aux Ukrainiens, ces derniers feront des choix cornéliens quant aux villes à protéger en priorité : Kiev ou Kharkiv ? Ou bien Lviv ? Les Russes, pour leur part, ont la possibilité de frapper tous les points du territoire ukrainien en fonction des effets qu’ils veulent obtenir. Ils sont également capables, le cas échéant, de saturer l’espace aérien ukrainien avec toutes sortes de missiles dont ils ont une réserve qui semble inépuisable. Alors, si l’OTAN veut que l’Ukraine maintienne sa défense antiaérienne qui permette à sa population de survivre malgré les frappes russes, cette défense se fera au détriment de celle des autres pays de l’Alliance.

Ainsi, la France, par exemple, ne possède pas encore de telles capacités, faisant prévaloir sa force de frappe nucléaire sur la constitution d’une telle bulle globale de défense antiaérienne. L’exemple ukrainien pourrait nous faire changer de doctrine et peut-être nous laisser envisager, comme l’Allemagne, une défense globale sous commandement otanien. Comment, alors, s’assurer qu’aucun missile balistique venant d’un pays, compétiteur ou malintentionné, ne puisse porter la destruction sur une quelconque parcelle de notre territoire national en métropole ou en outre-mer sans que l’on puisse auparavant le détruire ou l’empêcher ? La situation ukrainienne démontre que la défense antiaérienne est indispensable et que les mesures autrefois appelées de « défense passive » sont toujours d’actualité, pas nécessairement dans les grandes villes, mais partout où une cible stratégique pourrait être frappée dans une opération d’attaque ciblée ou de saturation. Il n’est pas exclu, dans un avenir proche, que des drones ou des missiles ennemis puissent être lancés depuis des sites, soit proches de nos frontières, soit installés sur l’un de nos territoires, sans que l’on n’en ait pu détecter la présence.

Certes, les Ukrainiens verront ensuite arriver les moyens terrestres offensifs promis par les pays occidentaux en vue de reprendre les territoires perdus, mais cette reconquête ne pourra se faire durablement que si les arrières sont protégés de toute attaque aérienne. Sinon, tout aura été inutile ; sans supériorité aérienne la plus globale possible, les Ukrainiens ne pourront plus défaire les Russes, comme le secrétaire général de l’OTAN a pu le souhaiter ouvertement, lors de sa visite surprise à Kiev, jeudi dernier. Il faudra, après les missiles antiaériens et les obusiers, des chars, puis des avions qui assureront la suprématie aérienne au-dessus de la Russie ; mais de fait, alors, la guerre changera de dimension et deviendra, d’une manière ou d’une autre, sinon mondiale, du moins européenne et engagera les moyens de coordination de l’OTAN, donc américains.

Les Patriot constituent l’avant-garde du dispositif continu de défense de l’Alliance atlantique et des États-Unis en Europe. L’Ukraine, avec des Patriot sur son territoire, est aujourd’hui plus qu’hier un avant-poste des Occidentaux en guerre. Le but annoncé n’est pas de rétablir la paix entre deux factions, comme le prévoyaient les missions de Petersberg[3], mais bien de conduire et de gagner la guerre, non pas en Amérique ou en Asie du Sud-Est, mais en Europe.

[1] Conçu dans les années 60.

[2] Le fameux dôme d’acier.

[3] Les missions de Petersberg définissaient les principes de la défense européenne au début des années 90, basés sur le maintien ou la reconstruction de la paix, mais évitaient de parler de guerre.

Hamilcar, Boulevard Voltaire

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