L’exportation de produits agricoles français en baisse

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Articles  : Mar. 2023Fev. 2023Jan. 2023Dec. 2022 – Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100069673161887

Le public a pu découvrir au 59ème édition du Salon de l’Agriculture, évènement majeur de la filière agricole. Alors que le secteur traverse une période épineuse, notre pays, autrefois fierté de l’agriculture mondiale, a été relégué au cinquième rang des exportateurs de produits agricoles, soit une chute vertigineuse en seulement deux décennies.

L’amélioration de la production alimentaire agricole constatée en 2022 ne reflète pas nécessairement la réalité, qui est loin d’être satisfaisante. Bien que l’excédent commercial entre les exportations et les importations à l’étranger ait augmenté de 26% par rapport à 2021, selon une enquête réalisée par le journaliste Sébastien Grob, cette augmentation est principalement due à une hausse significative des prix des céréales suite au conflit russo-ukrainien. Toutefois, d’autres aspects du bilan comme les échanges de viande et de produits à base de légumes et de fruits, confirment des signaux inquiétants d’une puissance mondiale en déclin. 

Historiquement, l’agriculture a été un pilier important de l’économie française, faisant de la France un pays agricole de renom. Encore aujourd’hui, la France reste en tête des pays européens en termes de production agricole, représentant près de 17% de la production totale du continent, loin devant l’Allemagne et l’Italie, selon le rapport sénatorial sur la compétitivité de la « ferme France ». 

Néanmoins, derrière cette façade glorieuse, se cache une réalité moins reluisante. En effet, entre 2011 et 2017, le surplus commercial dans le secteur agricole a diminué de 50% et depuis au moins trente ans, notre balance commerciale avec les autres pays membres de l’Union européenne est en diminution et est devenue déficitaire en 2015. Il convient de comprendre les raisons sous-jacentes à cette diminution des exportations afin de pouvoir y remédier efficacement. 

Une ambition gouvernemental inappropriée

L’agriculture française subit donc une érosion lente, mais continue. Selon le rapport sénatorial, « la France importe près de 63 milliards d’euros de denrées alimentaires, soit 2,2 fois plus qu’en 2000 ». Environ la moitié des poulets consommés, plus de la moitié de la viande ovine, près du tiers des légumes et plus des deux tiers des fruits consommés proviennent de l’étranger. Ces chiffres indiquent une forte dépendance aux importations alimentaires pour répondre aux besoins de la population française, la production nationale étant insuffisante. 

Par ailleurs, dans un contexte de crises en cascade, la « question de la renationalisation de la production » se pose, avec la nécessité de maintenir la souveraineté alimentaire. Certaines entreprises françaises, comme Les Paysans de Rougeline (marque créée par des cultivateurs du sud de la France) font des efforts considérables pour faire face à la concurrence acharnée. Tomates, viandes, protéines végétales ou encore bétail, les produits d’importation connaissent un fort succès sur le marché intérieur français. 

Gilles Bertrandias, directeur général de Paysans de Rougeline, donne l’exemple des tomates marocaines. Il révèle que le coût français de production « est forcément plus important que les tomates importées ». « Une heure de travail au Maroc, c’est 1 € de salaire, contre 12 ou 13 € en France ».  Ainsi, les coûts associés à la production de tomates se reflètent dans leur prix de vente. 

De ce fait, l’ambition gouvernementale du « tout montée en gamme » s’avère inappropriée face à la baisse du pouvoir d’achat et à la flambée des prix. 

Le manque d’attractivité de la profession : un enjeu pour l’avenir

Un autre enjeu majeur est à prendre en compte : selon l’INSEE, le renouvellement des générations dans le secteur agricole est menacé par un manque d’attractivité pour la profession, principalement dû à un revenu moyen inférieur de 16% à celui des autres travailleurs, malgré une charge de travail de cinquante-cinq heures par semaine en moyenne. 

La profession ne représente plus que 2% des travailleurs et est confrontée à un grave problème de relève : un quart des agriculteurs a plus de 60 ans et leur départ imminent à la retraite n’est pas compensé par de nouveaux travailleurs, créant ainsi une pénurie de main-d’œuvre dans le secteur. Même si le ministère de l’Agriculture estime qu’il y a 70 000 postes vacants, la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques prévoit une diminution de 40 000 agriculteurs dans la décennie à venir. 

Cette situation est d’autant plus préoccupante que le niveau de vie des agriculteurs retraités dépend en partie du prix de vente de leur ferme. Ils sont donc souvent incités à céder leurs terres à des voisins souhaitant agrandir leur exploitation. Cette pratique a pour conséquence une chute significative du nombre de fermes dans le pays (-20% en dix ans) et un appauvrissement des rangs des agriculteurs. 

« Distorsions de concurrence »

L’agriculture est un secteur qui a un impact significatif sur l’environnement et la santé humaine. En effet, elle est responsable d’environ 20% des émissions de gaz à effet de serre et les effets nocifs des engrais et pesticides sur la biodiversité et la santé humaine sont de plus en plus préoccupants. 

De surcroit, le dérèglement climatique menace les modes de production de l’agriculture conventionnelle, en particulier les vastes étendues céréalières qui sont particulièrement vulnérables à la sécheresse. Ces enjeux complexes soulignent la nécessité de repenser les pratiques agricoles afin de promouvoir une agriculture plus durable et résiliente face aux défis environnementaux et climatiques actuels.

Toutefois, quelle que soit la solution alternative à l’agriculture conventionnelle, les rendements resteront en moyenne considérablement plus faibles. À la suite de l’interdiction gouvernementale de l’utilisation des néonicotinoïdes qui offraient une protection contre la jaunisse, ou celle de l’Anses sur le S-métolachlore qui contrôlait les mauvaises herbes dans les cultures agricoles, les experts n’ont pas encore trouvé de substituts efficaces aux pesticides.  Selon Thierry Coué, président de la commission environnement du syndicat FNSEA, « ces solutions sont loin d’atteindre les résultats qu’on pouvait obtenir avec un produit enrobé sur la graine ».

Enfin et surtout, le même rapport sénatorial indique que la France a perdu 70% de ses parts de marché en raison d’une perte de compétitivité par rapport à d’autres pays producteurs. Cette perte est en grande partie due à l’interdiction de l’utilisation de certains néonicotinoïdes en pulvérisation en France, tandis que d’autres pays européens, tels que l’Allemagne, peuvent encore les utiliser. Cette situation est préoccupante car elle affecte la capacité de la France à concurrencer d’autres pays sur le marché mondial et souligne l’importance de trouver des solutions durables pour remplacer les pesticides sans compromettre la compétitivité de l’agriculture française. 

Tatiana Ghanem, Omerta

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