À quelques jours du scrutin RN, portrait de Jordan Bardella : le fulgurant !

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Articles  :   Nov.2022  –  Oct. 2022Sept. 2022Aout 2022  Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100069673161887

Les immeubles blafards de la cité Gabriel-Péri à Saint-Denis n’ont pas tellement changé. Sans doute ont-ils encore un peu plus vieilli. Connue pour être l’un des points de deal les plus actifs de la Seine-Saint-Denis, la cité aux immeubles blanc et orangé fait partie de ces territoires où se côtoient familles et dealers. Nichée au cœur de cet ensemble, la petite école maternelle Paul-Langevin, sise rue Guy-Môquet, sert de bureau de vote en ce mois de mai 2019 pour les élections européennes. Si l’endroit attire surtout les journalistes en quête de sujets sur la violence en milieu scolaire ou quelques rubricards en mal de faits divers, la forêt de caméras qui envahit cette petite école de quartier interpelle. La raison est rapidement connue : d’un pas solennel, un grand jeune homme brun de 23 ans est venu accomplir son devoir de citoyen en allant voter dans le bureau de son quartier. Jordan Bardella ne sait pas encore que la liste Front national qu’il mène au combat arrivera en tête au soir du 26 mai 2019, avec un peu plus de 23 % des voix, devant celle de la majorité présidentielle emmenée par Nathalie Loiseau.

Ce qu’il sait en revanche, c’est qu’il connaît bien cette école maternelle pour avoir lui-même usé ses bancs pendant trois ans. « Une enfance heureuse malgré les inévitables de la vie dans ces quartiers, sourit celui qui nous reçoit, ce 28 juillet 2022, dans son bureau, rue Michel-Ange, collé à celui de Marine Le Pen… « Ne pas garer sa voiture sur le parking de la cité pour éviter de se la faire fracturer. Passer devant les dealers qui squattent dans le hall et vérifient que vous avez une bonne raison d’être là. Savoir rester chez soi parce que la nécessité du trafic vous interdit de sortir… L’école coranique en face de chez soi. Finalement, tout ce que l’on présente comme des clichés, je l’ai vécu toute mon enfance. » Deux mois auparavant, le mouvement dont il est président par intérim perdait l’élection présidentielle face à Emmanuel Macron mais enregistrait un progrès encourageant. Le mois d’avant, ils étaient 88 députés à accompagner Marine Le Pen lors de la rentrée parlementaire, devenant ainsi le premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale.

Quatre mois plus tard, nous sommes à quelques jours de savoir s’il remportera le match au congrès pour la présidence du parti face au maire de Perpignan Louis Aliot, même si les estimations et les prédictions laissent peu de place au suspense. Entre son entrée au Front national en 2012, à 16 ans, et son élection à la présidence du Rassemblement national, il ne se sera écoulé que dix ans. La rapidité de l’ascension et son apparente facilité interpellent. Dans le milieu politique, on peine à trouver une comparaison qui tienne la route. Mais pour cela, il faut battre Louis Aliot samedi. Une simple formalité, d’après ses partisans.

Un duel pour la forme ?

« Je mènerai la campagne des législatives aux cotés de Jordan Bardella. » Au soir du second tour de l’élection présidentielle, Marine Le Pen savourait sa défaite au goût de victoire pour ses troupes. Certes, l’écart entre Emmanuel Macron et la candidate du RN n’était pas aussi resserré qu’espéré. Certes, le spectre de la dernière campagne de Marine Le Pen avait quelque peu rembruni les troupes qui espéraient finir sur une victoire, mais il était difficile de sentir une atmosphère de défaite dans le pavillon loué pour l’occasion. Surtout, personne n’a omis de remarquer que la seule personnalité du RN citée par Marine Le Pen était Jordan Bardella. Le président par intérim du RN venait aux yeux de tous les militants et fidèles du parti d’être adoubé par l’ex-candidate à l’élection présidentielle et la notion d’intérim accolée à son titre de président était plus que jamais une affaire de forme.

Pour autant, juste avant l’été, le maire de Perpignan Louis Aliot s’est lancé dans la bataille à la grande surprise de tous. Il assurait, dans les colonnes de Boulevard Voltaire : « Je fais une campagne avec mon projet en défendant mes idées. Je ne fais pas campagne contre Jordan Bardella. » Mais son entourage a souvent prouvé le contraire : « Louis est sur une ligne très nationale et populaire, affirme Frédéric Bort, l’un de ses proches soutiens. Il est marqué par une approche non identitaire mais populaire. Il veut dépasser la droite et non la remplacer. » Remplacer la droite. Telle est la critique que font résonner les opposants à Bardella : sa trop grande proximité avec le zemmourisme. Grand Remplacement, immigration… La petite musique des partisans de Louis Aliot a gagné en puissance, ces derniers jours, jusqu’à rejeter une ligne « identitaire ». « Les Français ont condamné électoralement la ligne inquiétante portée par les adeptes les plus déterminés du “Grand Remplacement” », affirmait Aliot dans L’Opinion. Une critique adressée directement à son concurrent Bardella. « Une bouteille à la mer envoyée par un navire échoué à peine sorti du port », cingle un proche du jeune président par intérim.

Du coté des Le Pen, si Marine affiche une apparente neutralité depuis le début officiel de la campagne, Jean-Marie Le Pen a fait savoir pour qui il ne votera pas. Réagissant aux propos de Louis Aliot, l’ancien président d’honneur du parti a tweeté sèchement : « Louis Aliot dénonce une soi-disant “nostalgie radicale” avec les mots des adversaires. Il oppose le RN aux militants FN d’hier auxquels il doit tant. C’est méprisable. »

Droite ligne ou ligne de droite ?

« On s’est fait complètement avoir. » Sur les marches du palais des expositions de la porte de Versailles, ce 22 mars 2022, le député RN du Gard Nicolas Meizonnet tire nerveusement sur sa cigarette en regardant la salle se vider d’une partie de son public pendant l’allocution d’Éric Ciotti et avant même que le président par intérim du RN ne parle. L’ancien suppléant de Gilbert Collard se sait en territoire pas du tout conquis au RN. Et pour cause : le grand débat des valeurs organisé par l’hebdomadaire Valeurs actuelles et Les Éveilleurs touche à sa fin. Après Marlène Schiappa, Éric Zemmour, Valérie Pécresse et Marion Maréchal, c’est dorénavant Éric Ciotti qui répond aux questions de Tugdual Denis. Juste après, Jordan Bardella prendra la parole pour clôturer ce show. « Non seulement on n’a qu’un seul intervenant contre deux pour Reconquête et deux pour LR, et en plus tout le monde se barre », s’agace Meizonnet. Pendant ce temps, Bardella attend sa place en coulisses. Ses mains tremblent un peu. Il faut dire que la campagne du premier tour touche à sa fin et que ce dernier sort d’un marathon médiatique l’ayant laissé épuisé avec 39 de fièvre. C’est donc fatigué et fiévreux qu’il est monté sur la scène pour tenter, une dernière fois, de faire éclater la bulle Zemmour, comme on le répète au RN.

Oui, Meizonnet s’inquiétait pour rien. Bardella a sorti un discours simple, efficace. En quelques mots, il a glacé la salle composée en immense majorité de zemmouristes, il a opposé au redoutable corpus idéologique de ses adversaires un discours simple de réalisme politique. « J’ai remarqué qu’en cinquante ans de vie politique, nous étions les champions des premiers tours et que nous avions oublié qu’il en existait un second », affirmait-il en introduction, pour reprendre : « Les choix que nous avons faits ne nous cantonnent pas à un témoignage. Ce que fait Éric Zemmour, c’est ce qu’on faisait, nous, avec Jean-Marie pendant trente ans. Cela permet de mettre des sujets sur la table et de remplir des meetings, mais cette stratégie vous emmène à 15 %. » Au fond, ce que reproche Bardella à Zemmour c’est la forme et non le fond. « On a une différence de stratégie avec Éric Zemmour », affirme encore celui pour qui les désaccords avec les zemmouristes « sont de court ou moyen terme ». Ce n’est sans doute pas pour rien que, parmi ses plus proches collaborateurs, on compte Pierre-Romain Thionnet, ancien cadre de La Cocarde, syndicat étudiant d’union des droites, et Arthur Perrier, cofondateur de L’Étudiant libre avec un certain… Stanislas Rigault. Mais aussi François Paradol, son directeur de cabinet, militant historique du parti à la flamme. Comme une union des droites qu’Éric Zemmour et ses partisans appellent de leurs vœux. Bardella aura réussi à en faire une synthèse, mais dans le RN. C’est cela, la différence de stratégie qui oppose Bardella à Reconquête.

En attendant de savoir (même si le suspense ne semble pas convié) s’il sera élu définitivement président samedi, une certitude demeure : héritier désigné par Marine Le Pen, Jordan Bardella aura fait, en dix ans, un parcours que la plupart de ses semblables effectuent en un demi-siècle. Et pourtant, il n’est pas pressé.

Marc Eynaud Boulevard Voltaire

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