Quand les braves gens deviennent des gens braves : cette France qui commence à se rebiffer !

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C’est un mouvement qui vient de loin. Déjà, au tout début de la Manif pour tous, en 2012, l’amie Gabrielle Cluzel lançait ce cri d’alarme : « Méfiez-vous de la France bien élevée ! » Lequel allait tôt devenir un livre.

Le 5 novembre 2014, le journaliste Vincent Trémolet de Villers tirait à son tour la sonnette d’alarme dans Le Figaro avec cette tribune titrée : « Famille, école, impôts, quand les braves gens se révoltent. » Presque dix ans après, ces lignes sont toujours d’actualité : « Ces “braves gens” sont infatigables. Depuis deux ans et la première Manif pour tous, ils reviennent avec les saisons dans les rues de Paris, de Lyon ou de Bordeaux pour exprimer calmement leur attachement à la famille. […] Ils ne demandent ni subventions ni statut particulier. Ils s’inquiètent du monde qu’on leur prépare. »

En 2018, les gilets jaunes prennent la relève. Leurs préoccupations premières (limitation à 80 km/h sur les nationales et hausse du prix du diesel) ne sont certes pas les mêmes ; quoique eux aussi s’inquiètent de « ce monde qu’on leur prépare ». De convergence des luttes, il n’y eut point, leurs intérêts de classes n’étant pas tout à fait convergents. Pourtant, le diagnostic sociétal de Vincent Trémolet de Villers ne manquait pas alors de pertinence : « Le fruit du travail et de l’effort est pris en tenaille entre la pression fiscale et des mouvements globaux implacables. Le travailleur, soumis à cette fatalité, est réduit au rang de fourmi. » Pis : « Sa culture, son art de vivre, sa sécurité la plus élémentaire, ce qui reste quand on a tout perdu lui est aussi retiré. »

Et aujourd’hui ? Ce n’est plus forcément ce qui demeure des luttes de la Manif pour tous ou des gilets jaunes qui commence à hausser le ton ; mais juste des citoyens ordinaires. Ceux qui se sont jusqu’alors tus. Les invisibles. Les humbles. Les gueux. Paradoxalement, celui qui a le mieux identifié cette montée en puissance des sans-grade demeure l’inénarrable Cyril Hanouna, peut-être pas le plus élégant de nos présentateurs, mais celui dont on ne saurait dénier le flair politique. Car désormais, son émission, « Touche pas à mon poste ! », semble être devenue la voix des sans-voix ; qu’on en juge.

Ce samedi 1er octobre, ce sont Pierre et Maryse qui viennent témoigner contre une certaine Nadia squattant leur maison depuis plus de cinq ans : « Le confinement, ça a été très dur. Pendant que cette personne, elle, était chez moi, tranquille. » C’est aussi Rudy, ce lycéen handicapé, malmené à de nombreuses reprises par les racailles de son école. Ce 10 octobre, Mélody, sa maman, est invitée par Cyril Hanouna pour venir crier la vérité à propos des agresseurs et de leurs familles : « Elles ont commencé par s’excuser. Donc, j’ai trouvé ça super gentil de leur part. Mais ensuite, on m’a dit que tout cela était la faute de Rudy, car il aurait eu des propos racistes… » Toujours la même excuse qui ne marche pas, qui ne marche plus.

Et puis, il y a encore la même émission qui, le 29 août dernier, évoque le martyre de cette femme de 89 ans, violemment agressée à Cannes par trois mineurs âgés de quatorze à quinze ans, qui voulaient lui dérober son sac à main. Son fils : « Je la vois morte, ma mère. Je ne sais pas ce qu’ils ont dans la tronche, ces jeunes ! » Et le père d’un des agresseurs de se confondre en excuses, manifestement bouleversé : « Ce qu’a fait mon fils n’est pas rattrapable… » Certes, mais comment a-t-on pu en arriver à un tel degré d’abjection ?

Toujours dans cette émission manifestement de plus en plus dérangeante, il y a cette altercation entre des habitants de Calais ayant décidé de dresser des murs de pierres afin d’empêcher la venue des migrants et quelques voix « humanistes » ; mais le verdict des téléspectateurs est sans appel : « À 88,6 %, le grand public appuie l’initiative des Calaisiens. » Ensuite, il y a encore celles qui prennent les affaires en main, tel qu’en témoigne cet autre fait divers survenu à Choisy-le-Roi, ce 28 août. Là, se promenant paisiblement sur les bords de Seine, un couple est sauvagement agressé par trois voyous. Il a 84 ans et elle 79. Voyant que son mari est en train de se faire battre à mort, son épouse sort un petit couteau Opinel – son porte-clefs, en fait – et poignarde l’agresseur. Beau geste de courage. Mis sous les verrous, le blessé propose de retirer sa plainte si l’héroïne du jour en fait de même. Elle refuse. L’agresseur est un immigré clandestin algérien sous le coup d’une reconduite à la frontière.

Bref, les éternels caves commencent à se rebiffer. S’arrêteront-ils ? Mais, au bout du compte, qui les arrêtera ? Et, plus important, qui les soutiendra ?

Nicolas Gauthier, BV

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