La journaliste russe Marina Ovsiannikova dérange : contre la guerre en Ukraine mais patriote convaincue !

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Articles  :  Mar. 2022Fev. 2022 – Jan. 2022 –   Dec. 2021   – Facebook : https://www.facebook.com/ORTF-News-107572991571884

Décidément, les icônes médiatiques ne sont plus ce qu’elles étaient. Elles ont tendance à se démonétiser, telle une Assa Traoré qui se prendrait pour l’Angela Davis du 93 mais ferait de la publicité pour les godasses de luxe Louboutin (comptez un tiers de SMIC la paire), posture assez peu citoyenne, on en conviendra.

Ainsi, la journaliste russe Marina Ovsiannikova est-elle en train d’emprunter semblable chemin. Pourtant, au début, tout commence bien, avec son intrusion surprise au journal télévisé de la chaîne gouvernementale Pervy Kanal, le plus regardé en Russie. L’occasion de brandir une pancarte marquée du slogan « No War ». Elle-même russo-ukrainienne, Marina Ovsiannikova déclare : « C’est une guerre contre un peuple frère ! Aucune personne saine d’esprit ne peut l’accepter. […] Je voulais aussi montrer que les Russes sont aussi contre cette guerre, ce que beaucoup de gens en Occident ne comprennent pas. »

Une opinion qui lui vaut immédiatement quelques démêlés avec la Justice locale. Elle s’en sort avec une amende de 30.000 roubles, soit à peu près 250 euros. En revanche, ce happening télévisuel pourrait lui coûter plus cher, soit quinze ans de prison, en raison d’une loi d’exception prise dès le début de l’« opération militaire spéciale » en Ukraine, au nom de la « publication d’informations mensongères » sur l’armée russe.

La Justice du Kremlin ira-t-elle jusque-là ou laissera-t-elle couler ? Nul ne le sait. Mais Emmanuel Macron, lui, a déjà pris les devants, anticipant jusqu’au verdict final en proposant l’asile en France à l’activiste. Très logiquement, les médias hexagonaux applaudissent des deux mains.

Seulement voilà, Marina Ovsiannikova n’est pas faite de ce bois-là. Opposante à la guerre, certes, elle est une nationaliste russe avant tout. D’où cette douche froide, en forme d’entretien accordé à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel : « Je ne veux pas quitter notre pays. Je suis patriote, mon fils l’est encore plus. Nous ne voulons en aucun cas partir, nous ne voulons aller nulle part. » Pas plus en France qu’ailleurs, donc…

Pauvres confrères qui, après avoir chanté les louanges du nationalisme ukrainien, découvrent aujourd’hui que le nationalisme russe n’est pas que peau de balle et balai de crin et qu’il est possible de critiquer la politique étrangère de sa propre patrie tout en y demeurant indéfectiblement attaché.

Si ces mêmes confrères s’étaient donné la peine de voyager dans cette région du monde autrement que les yeux fermés, ils sauraient qu’en Russie, tout comme en Iran ou en Turquie, le patriotisme est la règle, même chez les pisse-copie, qu’ils soient de droite ou de gauche, d’extrême gauche comme d’extrême droite, religieux ou laïcs, voire même centristes – espèce assez rare au demeurant, en ces lointaines contrées. Que le lecteur permette cette petite anecdote personnelle. Il y a dix ans, presque jour pour jour, j’étais invité à Téhéran pour une très officielle conférence sur la Palestine en particulier et la géopolitique orientale en général. Soit l’occasion de converser, toujours avec les mêmes confrères, et de parler boutiques respectives.

L’un d’eux me confia ainsi, à propos de la liberté de la presse en Iran : « Chez nous, on peut quasiment tout écrire, à condition de ne pas offenser les bonnes mœurs, les trois religions abrahamiques et l’honneur de la mère-patrie. » Ce à quoi j’avais répondu : « Chez nous, en France, c’est exactement pareil, sauf que c’est l’inverse. » Mon interlocuteur n’en avait cru ni ses yeux et encore moins ses oreilles, m’assurant que nous étions « fous »…

J’avoue avoir renoncé à lui démontrer le contraire. Comme quoi, dans nos écoles de journalisme, on apprend tout, hormis l’essentiel : écrire debout. En ce sens, le cas de Marina Ovsiannikova demeure pour le moins exemplaire, à la grande et manifeste incompréhension de nos journalistes bienveillants.

Nicolas Gauthier, Boulevard Voltaire

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