« Face à la guerre », un vrai-faux débat organisé par TF1

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Articles  :  Mar. 2022Fev. 2022 – Jan. 2022 –   Dec. 2021   – Facebook : https://www.facebook.com/ORTF-News-107572991571884

Nom d’une pipe !, aurait dit René Magritte, ce débat n’était pas un débat. Il est un fait que ce vistemboir télévisuel, virilement intitulé « Face à la guerre » et monté de guingois par TF1 n’en était pas vraiment un, de débat puisque chacun des candidats, le sortant comme les possibles entrants, se sont retrouvés à parler seuls dans leur coin. Tandis que certains entrants n’ont pu se joindre à cette fête de l’esprit, ne manquant bien sûr pas de le faire savoir.

Ainsi, la très primesautière Nathalie Artaud poste-t-elle ce tweet : « Pour être candidat, il faut passer l’obstacle des 500 parrainages. Mais pour participer au débat présidentiel sur TF1, il faut passer l’obstacle de Bouygues. C’est comme dans les entreprises, c’est le patron qui décide. »

Dans un semblable registre, quoiqu’un peu plus rural et rugueux, Jean Lassalle, lui aussi recalé au casting, estime être « un candidat de merde et inutile, […] comme s’il pouvait y avoir en France des candidats réels et des candidats de merde dont on n’a pas besoin. » Il est vrai que le député des Pyrénées-Atlantiques n’en est pas à sa première fracassante sortie médiatique, ayant, à de multiples reprises, estimé que « cette campagne est une campagne de merde. On ne dit rien, à part des insultes, des injures d’une vacuité insaisissable », disait-il mercredi dernier sur BFMTV.

La différence entre ces deux voix discordantes ? Si la candidate de Lutte ouvrière persiste à stigmatiser le capitalisme entrepreneurial, celui de la famille Bouygues en l’occurrence, le géant basque semble, lui, être sorti de ce modèle Hibernatus, façon trotsko-marxiste, en s’en prenant aux actuels descendants des maîtres de forges que sont aujourd’hui les GAFAM : « Le monde, uniquement laissé à la finance spéculative, est devenu aussi dangereux que celui des Soviétiques d’autrefois. […] Macron va être réélu dans l’état actuel des choses. Les puissances financières qui se sont emparées de notre pays l’ont d’ores et déjà décidé. »

Bref, sur douze candidats en lice, ils n’étaient plus que huit, façon Dix petits nègres. Mais comment expliquer qu’Anne Hidalgo fasse partie de cette surboum et pas Jean Lassalle ? Tout simplement parce qu’au-delà de ces sondages les donnant au coude-à-coude, aux environs des 2%, l’une est malgré tout la candidate officielle du Parti socialiste et l’autre un simple manant. Et c’est là qu’il faut prendre en compte les groupes parlementaires au Parlement ou au Sénat, sans oublier le nombre global des autres élus. Une loi dure certes, mais dura lex sed lex, comme on dit en latin ; cette loi pose d’autres questions dont on ne saurait faire l’économie.

En effet, ce type de débats n’est en rien gravé dans le marbre de la constitution de la Cinquième république, sachant que même le débat de l’entre-deux tours n’est qu’une récente forgerie médiatique. Le premier avait opposé François Mitterrand et Valéry Giscard d’Estaing, en 1974. Mitterrand y fut battu dans les grandes largeurs, ce qui ne l’empêcha pas d’accéder au pouvoir sept ans plus tard, VGE ayant ensuite loupé le sien. Comme quoi, un tel rendez-vous manqué ne saurait en rien obérer l’avenir ; ce que Marine Le Pen sait mieux que quiconque…

Et c’est là où la logique d’Emmanuel Macron atteint ses limites : prêt à débattre avec tous les citoyens, même s’ils sont encore mieux sélectionnés qu’à la Star Academy (en témoigne son premier pince-fesse de Poissy), il paraît plus que rétif à affronter ses véritables compétiteurs.

En un mot comme en cent, et ce malgré ces querelles de préséances télévisuelles, la véritable partie ne fait que commencer.

Nicolas Gauthier, Boulevard Voltaire

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