C’est vrai, ça, après tout, personne n’est obligé d’habiter en grande banlieue !

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Articles  :  Mar. 2022Fev. 2022 – Jan. 2022 –   Dec. 2021   – Facebook : https://www.facebook.com/ORTF-News-107572991571884

Une guerre peut en cacher tout plein d’autres. Il y a la guerre, la vraie, bien sale, qui fait rage en Ukraine et qui ne fait pas sourire du tout. Et puis, il y a celles qui en découlent plus ou moins directement ou indirectement, qui feront sans doute plus de cocus que de morts et qui peuvent prêter à rire.

Ainsi, sur le front des économies d’énergie, on est en train d’expliquer qu’il va peut-être falloir penser à baisser un peu le chauffage, rouler moins vite ou faire du vélo. Ce mardi matin, sur RTL, une dame expliquait doctement que réduire la vitesse de 10 km/h sur l’autoroute permettrait de se libérer de la dépendance du pétrole russe. Un acte de solidarité, en quelque sorte, avec le peuple ukrainien, tout en faisant des économies (ou, tout du moins, en essayant d’atténuer la hausse du prix des carburants) et en sauvant la planète. Mettre un pull de plus dans son appart’ ou ne plus s’y promener à poil, c’est un peu comme si l’on revêtait un gilet pare-balles et qu’on se coiffait d’un casque lourd. Il est vrai que la France a acquis un solide savoir-faire en matière de résistance depuis la dernière guerre (celle du Covid) et qu’elle a découvert que l’on pouvait lutter contre le virus en restant avachi sur son canapé et calfeutré dans son petit chez-soi.

Cette guerre loin de chez nous est aussi l’occasion de se remettre en cause. De remettre en question ce modèle de société où chacun veut son chez-soi à lui, son pavillon, son petit jardin et sa petite bagnole. En cela, Mme Wargon était précurseur lorsqu’elle déclarait que la maison individuelle était « un non-sens écologique, économique et social ». Elle avait d’ailleurs fait un tabac !

Dans la même veine, Jean-Sébastien Catier, président de l’association Paris en selle, tweetait, il y deux jours : « Quand on parle du prix de l’essence, rappelons qu’on n’a jamais obligé personne à habiter en grande banlieue ou à la campagne. Avoir un jardin et plus d’espace, c’est bien, mais ne pas en rejeter les conséquences sur les autres, c’est mieux. » C’est vrai, ça, c’est quand même mieux d’habiter un appartement hausmannien en plein cœur de Paris que dans une zone pavillonnaire loin de tout. Inutile de dire que cette déclaration a déclenché une bataille dans les tranchées de Twitter. Le président de Paris en selle a, depuis, rétropédalé en retirant son tweet et a publié son mea culpa : « Hier soir, j’ai fait un tweet. Mal foutu, et bien trop court pour exprimer clairement le fond de ma pensée. Il a suscité énormément de réactions [Tu m’étonnes !], d’insultes et quelques échanges. Je le supprime donc et m’excuse auprès de ceux que ça a choqué. »

Déjà, c’est bien de reconnaître qu’on a peut-être un peu merdé sur les bords. Ce n’est pas donné à tout le monde. Cela dit, ces excuses ne sont pas sans nous rappeler la déclaration de Gilles Le Gendre, en décembre 2018, qui expliquait doctement qu’une erreur avait été faite par le gouvernement et la majorité : celle « d’avoir probablement été trop intelligent, trop subtil, trop technique dans les mesures de pouvoir d’achat ». On n’avait retenu que le « trop intelligent » et « trop subtil ». Depuis, les Français ont oublié.

Mais pour revenir à ce tweet malheureux, et notamment à sa première phrase, c’est vrai, ça : on n’a jamais obligé personne à habiter en grande banlieue ou à la campagne. D’ailleurs, il y a tout plein de choses, dans la vie, qu’on n’est pas obligé de faire. Le seul problème, c’est que la plupart du temps, on n’a pas le choix.

Georges Michel, dans Boulevard Voltaire

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