Naufrage ou fin d’une nation ? Par Jean-Luc Baslé

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La France traverse à nouveau une période difficile de son histoire. La crise du Covid l’a affaiblie alors qu’elle doit se renforcer pour faire face à un futur incertain. Nombre de commentateurs s’en inquiète. Charles Sannat se désole du « démantèlement de notre pays » dans une note intitulée « Panne des numéros d’urgence, le naufrage français se poursuit ! »

Le général (2S) Henri Roure fait un constat similaire dans un éditorial intitulé « De Clovis à Macron : vie et fin d’une nation »:

Mais alors que le premier en attribue la responsabilité à un État qui « se fiche de la population », le second y voit l’effet d’hommes politiques ambitieux au service d’une « organisation internationale hostile aux nations ». Charles Sannat espère que « tout n’est pas perdu » alors qu’Henri Roure en appelle à un homme providentiel. Aussi providentiel soit-il, cet homme n’en sera pas moins confronté au carcan qui entrave la France. Il est le résultat d’une double évolution, politique et économique, qui se conforte l’une l’autre depuis de nombreuses années.

L’évolution politique enferme la France (et l’Europe) dans l’empire américain qui naît à Bretton Woods en août 1944, se renforce avec l’Alliance atlantique dans l’immédiat après-guerre, puis quelques années plus tard avec le Marché commun, et l’Union européenne. La France se soumet donc aux injonctions de Washington, comme elle le fit quand elle refusa de livrer deux Mistral à la Russie. L’évolution économique commence avec la Révolution Reagan qui s’oppose à l’ère rooseveltienne. N’oublions pas cette phrase du discours d’investiture de Reagan : « l’État n’est pas la solution, il est le problème ». Cette affirmation s’oppose au discours de Theodore Roosevelt, dit du « Square Deal », dans lequel il affirme la primauté de l’Etat dans les affaires de la nation. Elle annonce le démembrement de l’Etat. En l’absence d’Etat, le peuple est livré à lui-même et la nation est ouvert à tous les vents.

Le premier devoir d’un prince, disait Machiavel, est de défendre son peuple. L’affirmation de Reagan résume aussi ce qu’est le néolibéralisme. Dans un récent article, Chris Hedges le définit comme « un retour aux premiers jours de la Révolution industrielle », c’est-à-dire à un capitaliste pur et dur qui s’impose aux peuples. Dans « La vingt-cinquième heure », Virgil Gheorghiu écrit que nous sommes « les esclaves de nos esclaves techniques ». Nous y sommes. L’organisation parfaitement réglée d’Amazon robotise les personnes qui y travaillent. Les salariés d’Uber ne sont rien d’autres que les serfs des temps modernes, taillables et corvéables à merci. Grâce à la Proposition 22, approuvée par référendum en novembre dernier en Californie, Uber a pérennisé son système d’exploitation.

La transformation que le monde a subie est profonde. Ainsi, entrevoyons-nous l’origine des maux auxquels la France est confrontée – son enfermement dans un carcan : carcan otanien, européen, néolibéral et géopolitique. La France n’est plus libre de ses mouvements. De Gaulle l’avait compris, et tenta de la libérer. Mitterrand s’y soumit par opportunisme. Quant à Macron qui a été oint avant d’être élu, il ne fait que répondre aux attentes de ses mandants.

 Pour éviter le naufrage que déplore Charles Sannat, ou échapper à la catastrophe que refuse Henri Roure, la France doit au préalable se libérer de ce carcan qu’il l’étreint. Le peut-elle ? Le veut-elle ? Si d’aventure elle tentait l’expérience, aurait-elle des alliés pour augmenter ses chances de succès ? L’Italie peut-être, pour sortir de l’euro ? Ce serait un premier pas. Il devrait être suivi de bien d’autres.

Mais n’est-il pas trop tard ? L’exubérance irrationnelle des marchés financiers est sur le point de détruire cette idéologie néolibérale qui l’a produite, et du même coup nos économies nationales… et nos nations.

Jean-Luc Baslé

Précision : les points de vue exposés n’engagent que l’auteur de ce texte et nullement notre rédaction. Média alternatif, Breizh-info.com est avant tout attaché à la liberté d’expression. Ce qui implique tout naturellement que des opinions diverses, voire opposées, puissent y trouver leur place.

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