Le Président Tartarin

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Boulevard Voltaire

Qui aurait cru, en 1872, lorsque Alphonse Daudet publia son célèbre roman Tartarin de Tarascon – sorte de matamore provençal qui voulait se faire passer pour un grand chasseur -, qu’il constituerait une sorte de description prémonitoire, d’étude anticipée du caractère de nos Présidents français actuels. Encore que lui, un jour, partit à la chasse aux lions de l’Atlas. Et même s’il ne ramena, pour seul trophée, qu’un pauvre lion aveugle et à moitié apprivoisé, il eut au moins le mérite d’essayer…

Tel n’est pas le cas de nos Présidents Tartarin qui parlent, parlent, discourent et lancent des messages de fermeté, déclarent avec leurs ministres qu’ils n’ont pas peur mais ne font strictement rien. Oui, comme le héros de Daudet, nos Présidents se contentent de parler, d’annoncer, l’air grave, ils disent ce qu’il feront mais ils ne font pas ce qu’ils ont dit. Ils menacent, ils proclament leur détermination, leur fermeté, mais ces proclamations ne sont jamais suivies d’effets. À peine l’encre des journalistes à leur service a-t-elle eu le temps de sécher qu’ils ont déjà oublié ce qu’ils ont dit et sont redevenus les pantins d’une insignifiante théâtrocratie.

Oui, au fil des centaines de Français sauvagement assassinés, il y en a eu, des annonces, depuis le fameux Kärcher™ de Tartarin Sarkozy, qui devait nettoyer banlieues et cités de toute la racaille qui y prospère. Puis ce fut Tartarin Hollande, bedaine conquérante, comme un jabot de coq tombé sur sa ceinture, multipliant les hommages, les postures, les cérémonies lyriques, après les attentats de Charlie Hebdo ou du Bataclan.

Combien de bougies, de fleurs, d’émotion, de visages pâles, de marches blanches et de toutes les couleurs, d’hommages nationaux, combien de nouveaux résistants déclarant en écho qu’ils n’avaient pas peur, eux non plus, et, pour le montrer, ils avaient l’insigne audace de boire un Coca, devant une caméra de télévision, à la terrasse d‘un café, tout près du lieu de l’attentat, comme si le train de leur cinéma allait siffler trois fois… Mais détalaient comme des lapins au bruit d’un pétard dans la rue voisine !

Et le clou de ce spectacle permanent : Macron devenu le Président Passoire et qui s’écrie, comme la pasionaria des républicains espagnols, face aux troupes de Franco : ¡No pasarán!, ils ne passeront pas, alors qu’ils sont déjà passés par ici et repassés par là, depuis longtemps, comme le célèbre furet de la chanson…

Tous ces gouvernants de pacotille ne sont-ils pas fatigués de ce Grand-Guignol et d’être des clowns qui jouent aux hommes politiques pour faire rire les spectateurs du cirque, ou des hommes politiques qui sont devenus des clowns pour faire rire les téléspectateurs ?

La théâtrocratie qui tient lieu, en France, de gouvernement est du plus haut comique, tellement comique qu’elle en devient tragique, comme une pièce de Ionesco ou comme des clowns au sommet de leur art. Mais les dindons de leur farce, les victimes expiatoires, ce sont les innocents qu’on laisse massacrer, les braves gens qui tiennent encore un peu notre pays debout, sans que les Présidents Tartarin, Kärcher™, Passoire ou Jaipapeur ne les défendent ni ne prennent les mesures qui, seules, pourraient mettre un terme à cette débâcle. Ont-ils été élus pour défendre leur peuple ou pour le laisser massacrer ?

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