Vote en Nouvelle-Calédonie : oui ou non à l’indépendance ?

Spread the love

Articles  : Oct. 2020Sept 2020Août 2020juillet 2020

Riposte Laïque

C’est  dimanche que la Nouvelle-Calédonie vote pour la seconde fois, afin de choisir entre la France et l’indépendance.

Un scrutin qui ne passionne pas les foules en  métropole, tant ce  “caillou du Pacifique Sud”, situé à 18 000  kilomètres de Paris, n’intéresse personne.

Il faut dire que depuis les tragiques évènements des années 80, la situation s’est largement calmée sur l’île, avec les Accords de Matignon de 1988 et ceux de Nouméa en 1998.

Combien de Français savent que cette terre lointaine, de 400 km de long sur 50 de large, est  française depuis 1853 ?

Qui se souvient de la période de quasi-guerre civile qui a  frappé  l’île dans les années 80 ?

Qui se souvient de l’attaque sanglante d’une gendarmerie par les Kanaks en 1988, et de la prise d’otages qui s’ensuivit ?

Qui se souvient du violent assaut de la grotte d’Ouvéa, ordonné par Jacques Chirac afin de libérer les otages, et au cours duquel deux militaires et dix-neuf Kanaks furent tués ?

Qui se souvient de Jean-Marie Tjibaou, leader indépendantiste, tué en 1989 par un autre Kanak, hostile aux Accords de Matignon ?

Qui se souvient d’Éloi Machoro, autre indépendantiste, abattu par le GIGN  en 1985 ?

Tous ces évènements lointains sont ignorés de la majorité des Français et même des politiques, qui découvrent le dossier en prenant leurs fonctions.

Ce sont donc 180 000 électeurs qui vont se prononcer dimanche pour ou contre l’indépendance.

Un premier scrutin, en 2018, avait  dit “non” à l’indépendance  avec 56,7 % des suffrages.

Demain, si le non l’emporte à nouveau, un troisième vote sera possible dans les deux ans, tel que prévu par les Accords de Nouméa.

Aucun sondage n’a été réalisé, ou du moins divulgué.

Il y a deux ans, le FLNKS, le Front indépendantiste kanak, recueillait  43,3 % des voix. La participation était de 80 %, ce qui prouve que l’enjeu  est vital, aussi bien pour les Kanaks que pour les “Caldoches”.

Les “Loyalistes”, favorables au maintien dans la République, espèrent  rafler la mise. Le Parti travailliste mise sur le “oui” pour en finir avec la “période coloniale”.

Pas question de jouer les devins.

En 2018, le Parti travailliste prônait l’abstention massive. Aujourd’hui, c’est le contraire, il appelle à une participation massive. Et il y a 6 000 électeurs de plus, nés sur l’île.

La Nouvelle-Calédonie jouit déjà d’une très large autonomie.

Elle a son propre gouvernement, son Assemblée législative, son Sénat, son droit du travail  et sa fiscalité.

Tout le reste, monnaie, diplomatie, justice, police, armée, relève de  l’autorité de l’État français. De plus, cette collectivité bénéficie de larges transferts financiers venus de métropole.

Au plan économique, le nickel, longtemps richesse essentielle du territoire, ne représente plus que 5 à 6 % du PIB, alors que les transferts financiers en représentent 16 %.

Cela dit, le PIB par habitant est très supérieur à celui des autres territoires ultra-marins. Environ 30 000 euros par habitant, soit le même niveau que la métropole, hors Île-de-France.

https://www.latribune.fr/economie/france/nouvelle-caledonie-cinq-chiffres-a-savoir-sur-une-economie-fragile-796208.html

C’est 8 fois le PIB des îles Fidji, 17 fois celui du Vanuatu et 30 fois celui de la Papouasie Nouvelle-Guinée !

Les électeurs  indépendantistes sont-ils conscients de ces chiffres ? Non.

À part un siège à l’Onu, on voit mal ce que le peuple gagnerait avec l’indépendance.

Seule une poignée de nantis se répartiraient  les postes de ministres et d’ambassadeurs sur le dos du peuple ruiné.

On a vu cela avec la dislocation de notre empire colonial.

L’Afrique est trente fois plus pauvre que l’Asie, alors qu’elle était plus riche en 1960.

Mais les peuples sont nés, depuis la nuit des temps, pour être manipulés et exploités par une poignée de prédateurs.

Verdict demain.

Jacques Guillemain

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *