Affaire Obono : étudier l’Histoire plutôt que d’agiter le chiffon rouge !

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Boulevard Voltaire

« Petite femelle ! Hé ! Petite femelle ! Moi j’ai plus de couilles que toi ! ». Ces mots subtils n’illustrent-ils pas la sombre estime que leur auteur porte au genre féminin ? En réalité une auteure, ou autrice, l’on ne sait plus très bien, noire de peau qui, du coup, ne disait autre chose que : « Tu me ressembles ! Hé ! T’es une petite femme, comme moi ! » en s’adressant ainsi à Geoffroy Lejeune, directeur de la publication de Valeurs actuelles.

En tant que tel, un chiffon rouge ne saurait être un scandale : soyez juste assez ahuri pour l’agiter devant le pif fumant d’un taureau épileptique atteint de la rage et vous avez le résumé de l’affaire Obono.

Pour le coup, Geoffroy Lejeune semblait faire pâle figure, au sens propre et figuré, lors de cette confrontation crépusculaire entre lui et des représentants de la LDNA (Ligue de défense noire africaine) sur le pas de porte de Valeurs actuelles, suite, donc, à l’affaire Obono. Milice qui s’était déjà illustrée en voulant mettre fin à une exposition Touthânkamon censurant scandaleusement, selon eux, l’importance des pharaons noirs dans l’Histoire.

Je passe sur le contenu de « l’échange » entre ladite milice et Geoffroy Lejeune pour ne retenir que le vertige qu’inspire une société en état de cholestérol idéologique, saturée d’outils de communication mais communiquant si peu (corollaire).

Concernant l’esclavage, les approximations sont légion, par exemple concernant la maison des esclaves à Gorée. Maison construite en 1776 (selon le ministère de la Culture du Sénégal), ce qui n’empêche guère certains sites d’affirmer : « La maison des esclaves a été construite par les Hollandais en 1776. Durant environ trois siècles, des millions d’Africains ont été entassés et enfermés dans cet endroit avant d’être transportés dans des bateaux et enlevés de la terre mère. » Dans une maison construite en 1776 se seraient donc entassés, durant trois siècles, des millions d’esclaves : ce qui nous amène en… 2076, soit dans 56 ans pour la fin de cette traite. Traite qu’il ne s’agit pas de nier, bien sûr. Approximations que la gravité du sujet a sans doute tendance à masquer, mais assez répandues néanmoins.

Beaucoup plus grave, la censure quasi totale, pour raisons idéologiques, de la traite arabo-musulmane, censure assumée par ce noir ministre de la Justice français (Taubira) d’une République française « structurellement raciste » (selon un certain nombre d’antiracistes, cherchez l’erreur). Rien ne résume mieux cette vérité que la quatrième de couverture de l’ouvrage du Sénégalais Tidiane N’Diaye Le Génocide voilé  (Gallimard 2007 ) : « Les Arabes ont razzié l’Afrique subsaharienne pendant treize siècles sans interruption. La plupart des millions d’hommes qu’ils ont déportés ont disparu du fait des traitements inhumains. » Ou l’ouvrage du journaliste américain Stephen Smith (Le MondeNégrologie : pourquoi l’Afrique meurt (Calmann-Lévy, 2003).

Plutôt que de publier des romans illustrés de chiffons rouges, Valeurs actuelles ne serait-il pas plus inspiré de publier une série d’articles documentés, inspirés d’ouvrages comme celui de Tidiane N’Diaye et de Stephen Smith, et plus en mesure de clouer le bec aux milices néo-racistes ?

https://www.bvoltaire.fr/affaire-obono-etudier-lhistoire-plutot-que-dagiter-le-chiffon-rouge/

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