Pourquoi le Japon préserve son identité dans la mondialisation : «Ouvrir le pays aux immigrés serait la remise en cause de son harmonie»

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Le Japon reste aujourd’hui encore la troisième économie mondiale, pourtant il ne transige pas avec ses traditions. Face à la doxa libérale, il revendique une identité qui fait la part belle au groupe et à l’homogénéité.

Imaginez un pays qui refuserait les plus grands dogmes de la mondialisation et qui parviendrait pourtant à se hisser dans le tiercé gagnant de l’économie planétaire! Ce pays existe: bienvenue au Japon. (…)

L’immigration, qui pourrait pourtant compenser le déséquilibre de la pyramide des âges est nulle ou quasi nulle et même les immenses besoins de reconstruction post-tsunami n’ont pas suffi à faire ouvrir les vannes. Seuls quelques «guest workers» (travailleurs invités) sont acceptés sur les chantiers, mais ils n’ont d’invités que le nom. Leur travail est précaire, conditionné dans le temps, ils ne peuvent pas faire venir leur famille et ils sont renvoyables dans leur pays à tout moment.

(…) Pour comprendre cette situation, il faut aller chercher du côté de la psyché, de la culture et de la tradition.

Ouvrir l’archipel aux immigrés serait pour un Japonais la remise en cause de l’équilibre et de l’harmonie nécessaire au pays, avec un risque de perte de ses traditions.

(…) En bref, les Japonais préfèrent donc penser que les robots assureront plus sûrement leur avenir que n’importe quelle mutation qui remettrait en péril leur identité.

Cette résistance aux oukazes de la mondialisation n’a pas pour l’heure pénalisé l’archipel. Le pays reste la troisième économie mondiale. (…) Nous sommes bien ici dans un face-à-face de deux modèles cohérents et totalement différents. D’un côté, la proposition libérale est celle de l’émancipation de l’individu par sa perfomance dans un ensemble fait de diversité et dans un temps qui va toujours plus vite. De l’autre, la proposition japonaise est celle d’une identité qui fait la part belle au groupe et à l’homogénéité dans une culture du temps long.
Que le Japon perde cette bataille et il sera pour les adorateurs de la doxa libérale la preuve que la mondialisation représentait bien le sens de l’Histoire. Que le Japon parvienne à résister et il demeurera pour les partisans de l’identité des nations la preuve de «la possibilité d’une île» comme dirait Houellebecq. En attendant l’issue de cette mère des batailles, le Japon est bel est bien devenu le premier laboratoire de la mondialisation.

Le Figaro

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